#111 : Nghia Lo

De Ha Noi à la région du Yen Bai, il y a un peu plus de six heures de route. Un trajet magnifique entre montagnes, rizières et troupeaux de buffles. Nous arrivons au village de Nghia Lo et vivons alors un après-midi inoubliable. Tout le monde vit de riziculture. Curieusement les maisons sont sur pilotis alors que nous sommes en pleine montagne et que la mousson n'apporte pas d'inondations. On nous explique que c'est une habitude d'antan où l'on "rangeait ses richesses sous son sol de chambre" : avant, les buffles, le riz récolté, les légumes et les outils étaient installés ici, entourés de clôtures pendant la nuit, à l'abri des tigres et des rongeurs. Nous traversons le village. Pas une maison devant laquelle nous passons, sans que nous ne soyons invités à boire de l'alcool de riz ; pas un sourire échangé avec les enfants, sans que cela ne se transforme en danses amusées et mimes improvisés entre eux et nous. Un long moment passé sans même qu'un seul mot ne soit échangé. Il n'y a parfois pas besoin de dire les choses. Les sourires et les inclinaisons de tête suffisent, la gestuelle sert de langage. Ce soir nous dormons chez l'habitant en repensant à tous ces visages et ces échanges merveilleux. Si l'Inde nous avait mis une claque et fait revoir notre définition du mot confort, ce jour 111 marquera pour nous l'expérience même du mot Humanité.