Voir le village flottant de Chau Doc au Vietnam

Le sud du Vietnam est incontestablement une région pleine de surprises. En remontant le delta jusqu'à la rivière Hau, faîtes halte à Chau Doc. Ne cherchez pas alors de ruelles bétonnées et de maisons briquées, ici le village est bâti sur l'eau. Voilà maintenant plusieurs décennies que les pêcheurs du village ont pris la décision de vivre avec leur gagne-pain sous leurs pieds. Les cages servant ainsi à l'élevage des carpes côtoient les flotteurs qui permettent aux habitations de rester à flot.

Ces habitations sont pour la plupart bâties avec les moyens du bord : du bois pour le sol, de la taule pour les murs et le toit, des fenêtres encastrées auxquelles les femmes prennent à cœur de suspendre des étoles. Elles sont colorées et les propriétaires aiment à en changer les couleurs selon leur envie, quand le portefeuille le permet. De larges poutrelles de bois servent souvent à ré-hausser les maisons tels des pilotis : les villageois ont appris depuis plusieurs années que le fleuve du Mékong pouvait devenir imprévisible et que d'intenses variations du niveau de l'eau sont de plus en plus récurrentes. Mais ni la menace d'un cours d'eau en pleine mutation ni les maigres salaires issus de la pisciculture ne les feraient changer de point de chute. "Nous on vit sur l'eau, on ne sait pas vivre en ville", nous dira-t'on. Une confidence partagée par les plus jeunes qui n'envisagent pas de quitter leur Mékong.

Le fleuve rythme la vie de ce village et chacun vit de son petit commerce. Si les pêcheurs s’attellent auprès de leurs précieux poissons, les femmes sillonnent les ruelles aquatiques en amenant repas et boissons; la couturière passe régulièrement offrir ses services et des roulements s'organisent pour emmener les enfants à l'école terrestre la plus proche. Une vie paisible où le sens de l'entraide et du partage prennent en sens profond. Des relations humaines solides et nécessaires entre les membres du village, notamment quand ce-dernier se trouve coupé du reste du monde pendant la mousson. La communauté de Chau Doc doit alors pouvoir s'auto-suffire avec les savoir-faire de chacun et les réserves possibles à partager. Une leçon de vie.