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#381 : Colon

En poussant 360 kilomètres à l’ouest, c’est un décor de FarWest que nous arpentons. La ville de Colon connut une immigration massive de français dès 1800. Ils arrivent de Saint-Domingue ou de Louisiane avec des esclaves pour cultiver la canne à sucre puis le café. Le décor laisse à imaginer les belles propriétés dans le cœur de la ville ; les wagons pleins sur la voie ferrée ; les cases à serfs toutes proches des plantations. Mais au-delà de l’aspect « historique » de cette ville, c’est surtout notre cinquième jour à Cuba et nos premiers constats se confirment. Contre toutes attentes, l’île est la destination de notre périple au sein de laquelle nous avons le plus de difficultés à trouver des matières premières. L’embargo américain est en vigueur depuis 1962 et c’est une situation nouvelle à expérimenter. On ne trouve pas d’eau en bouteille – seulement chez l’habitant. Les camions citerne passent dans les ruelles pour ravitaillement. Ce qui s’apparente le plus à des supérettes présentent des étalages bien vides sur lesquelles des conserves de lait concentré sucré s’entassent massivement. On trouve des brosses à dents mais pas de dentifrice ; l’île est régulièrement en pénurie de savon. Les cubains se débrouillent comme ils peuvent et les plus chanceux peuvent aménager une chambre où recevoir les voyageurs. Trente CUC – l’équivalent de 30 dollars américains – est le salaire moyen. Notre location de voiture pour douze jours représente donc deux ans de salaire ; un plein d’essence deux mois ; un repas chez l’habitant un mois. Un mois pour quelques heures de discussion avec eux à essayer de comprendre et de combler le fossé immense entre nous. Certains regards nous font songer à nos journées sur la route de Khajuraho ou Bikaner. Nous ne nous attendions pas à trouver des similitudes avec l'Inde dans ces coins reculés de l'île cubaine.  

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